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FORMATION FOI et JUSTICE

Voici la présentation du Père Georges RIFFAULT, lors d’une journée de FORMATION FOI et JUSTICE, vécue en intercongrégation à St-Meen, à laquelle ont participé Sr Carmen Pinault, Sr Odile Brunard et moi-même.
À lire et à méditer : vous verrez, c’est tout à fait dans la ligne de notre recherche de mission pour aujourd’hui !
Bon approfondissement.

Sr Solange Breault, ss.cc.j.m.

ARCHIVES

Formation Foi et Justice
Mieux connaître les Musulmans

Fondements de l’engagement des Religieux(ses) pour la justice

Notre conviction que l’engagement pour la justice fait partie intégrante de l’annonce missionnaire de l’Évangile naît d’un double regard, d’une double connaissance :
Un regard sur Dieu, qui va nous conduire à connaître un peu de son cœur.

-    Et un regard sur le monde qui nous entoure et qui va nous amener à mieux connaître le cœur des hommes et des femmes, leurs souffrances, leurs espoirs, leurs attentes
Cf. « Gaudium et spes », Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps. Introduction : (en 1965 !...)

« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit-Saint dans leur marche vers le Royaume du Père, et porteurs d’un message de salut qu’il leur faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. »

Je voudrais surtout développer aujourd’hui le premier point qui me semble fondamental : Connaître Dieu :
Qui est Dieu pour moi ? Quelle idée est-ce que je m’en fais ?
Je suis de plus en plus convaincu que la qualité de notre engagement pour plus de justice dans le monde et la profondeur de nos convictions en ce domaine, sont intimement liées à l’idée que nous nous faisons de Dieu.
Et, inversement, je n’hésiterai pas à dire, et j’en ai fait l’expérience moi-même, que l’engagement pour la justice est un chemin privilégié pour découvrir la nature de Dieu et entrer plus profondément dans la connaissance de son cœur.

            Quels sont les aspects que nous connaissons de Dieu qui peuvent nous servir comme point d’appui, comme fondement de notre engagement pour la justice ?
            Citer quelques exemples de textes (Bible, Église, Congrégation,…) qui pourraient servir de fondement et de stimulant dans notre engagement pour la justice.

Connaître Dieu

Dieu, c’est comme un immense océan ou une immense forêt.
Comment mieux connaître l’océan et son immensité et sa profondeur, sinon en se plongeant dedans ? Tout en sachant bien qu’on ne pourra connaître là qu’une parcelle de cette immensité !...
Même chose pour une immense forêt aux immenses richesses de végétations, d’animaux, etc. On ne peut le connaître qu’en se plongeant en lui, dans la contemplation; Là aussi, on ne pourra connaître qu’une infime parcelle de sa divinité, on n’aura jamais fini d’en épuiser l’immensité, la richesse, la profondeur.
Nous le savons, parce que Jésus nous l’a révélé, Dieu est Amour. Et, grâce à lui, en contemplant le cœur de Dieu, nous pouvons y découvrir les différentes facettes de son Amour; lesquelles ?

1.         La compassion (« souffrir avec ») qui pousse Dieu, sans cesse, à partager la vie, les joies, les souffrances, les espoirs des hommes et des femmes, et il les a créés pour le bonheur, pour qu’ils soient heureux, « pour qu’ils aient la vie, et la vie en abondance » et il ne peut donc se satisfaire de voir ces hommes et ces femmes qu’il a créés vivre dans le malheur et la souffrance.
C’est ainsi qu’il envoie Moïse pour délivrer son Peuple : « J’ai vu, j’ai vu la misère de mon Peuple, j’ai entendu ses cris… Va, je t’envoie, va délivrer mon Peuple. » C’est ainsi aussi qu’il fera revenir son Peuple de la déportation à Babylone… C’est ainsi enfin qu’il enverra son Fils pour sauver son Peuple, en partageant TOUT de sa vie, sauf le péché, jusqu’au sacrifice de la Croix qui ouvre l’accès à la vie à chacun de ses enfants…
Compassion…

2.         La miséricorde
Pour moi, la miséricorde, c’est l’Amour qui se penche et qui relève. C’est la capacité que Dieu possède de se pencher vers le pauvre, le faible, celui qui souffre et de le relever : C’est la 2e face de son Amour :
Son Amour de compassion est aussi un Amour qui remet debout, qui rend la dignité. Ainsi Jésus avec le paralytique : « Lève-toi, prends ta civière et rentre chez toi. » Ou à la femme adultère : « Femme, personne ne t’a condamnée ? Moi non plus je ne te condamne pas; va en paix et ne pêche plus. » Et c’est ainsi qu’il procède avec chacun, chacune de nous…

3.         La capacité de s’émerveiller
Et j’ajouterais une troisième caractéristique du cœur de Dieu, parmi bien d’autres richesses à découvrir, c’est sa capacité de s’émerveiller. Combien de fois, dans l’Évangile, on voit ainsi Jésus s’émerveiller :
- devant la foi du Centurion : « Jamais en Israël, je n’ai rencontré une telle foi. » Mt 8,10
-
devant la pauvre veuve mettant son obole dans le tronc du Temple. Lc 21, 1-4
- Capacité de s’émerveiller, liée à sa manière de regarder les gens et les choses : « Père, Seigneur, du ciel et de la terre, je te rends grâce : tu as caché ces choses aux sages et aux savants, et tu les as révélées aux petits. » Lc 10, 21 (au retour des 72 de leur mission)
Cette capacité qui permet de toujours découvrir ce qui est beau et bon en l’homme, ou dans le monde, comme Élisée après les 7 années de sécheresse, et qui monte sur la montagne, attendant, en prière, la venue de la pluie : 1R 18,41-46 : « Retourne 7 fois. À la 7e fois, le serviteur dit : Voici un nuage, petit comme une main d’homme, qui monte de la mer… »
Le livre de la Bible lui-même s’ouvre sur un émerveillement de Dieu : « Et Dieu vit que cela était beau ! » Gn 1
Invitation pour nous-mêmes, à savoir voir et reconnaître ce qui est beau en nous et autour de nous, savoir reconnaître et lire les signes, c’est très important face à l’afro pessimisme ambiant, dans les médias et même, parfois, en nous-même : Dieu n’a jamais douté de l’homme…

Mais quel est le chemin pour découvrir un peu de ce cœur de Dieu ?

Avant tout, dans la contemplation de son Fils, envoyé auprès de nous, justement pour nous faire connaître le Père et la profondeur de son cœur. C’est donc à travers lui qu’on peut découvrir la compassion et la miséricorde de Dieu et sa capacité à s’émerveiller et d’aimer…
Pour découvrir que Dieu est tout-puissant, mais que sa puissance est puissance d’Amour, donc fragile; notre Dieu est un Dieu fragile, un Dieu dont l’Amour peut être mis en échec par la dureté, la méchanceté des hommes, allant jusqu’à souffrir et mourir sur une croix, marquant ainsi sa présence au milieu de tous les souffrants de notre monde, mais pour les relever, selon la très belle icône de la Résurrection , où l’on voit Jésus descendre aux enfers, en briser les portes, et se pencher vers Adam et Ève pour leur prendre la main et les relever. Voilà l’image parfaite qui doit nous habiter dans notre engagement pour la justice : à travers le mystère de la mort et de la résurrection, notre Dieu nous apparaît pleinement comme un Dieu qui partage la souffrance des hommes, mais pour les en relever…
Et notre manière d’aimer, à travers nos engagements pour la justice, consistera simplement à nous « a-juster » à la manière de faire de Dieu, telle qu’elle se manifeste en Jésus.

Connaître le monde dans lequel nous vivons et ses habitants, en empruntant le regard de Jésus

Pour cela, et c’est le 2e volet qui fonde notre engagement pour la justice, que je ne ferai que mentionner, il nous faut bien connaître aussi le monde où nous vivons et ses habitants : ce monde avec ses injustices, ses oppressions, tout cela comme au temps de Jésus, mais de façon mondialisée, un monde de conflits, un monde où, très souvent, le riche (nation, multinationale, institution internationale) écrase le pauvre et le marginalise, où tout une partie de l’humanité se trouve exclue d’une vie pleine et harmonieuse.
Au fond, il nous faut apprendre à regarder le monde et ses populations avec le regard de Jésus, à la manière de Dieu. Au contraire de ce que nous voyons très souvent aujourd’hui, Jésus a toujours voulu mettre l’homme au centre de tout : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. »
Et donc, comme il l’a fait avec Moïse, avec les Prophètes, comme il l’a toujours fait, Dieu demande notre collaboration; il a besoin de notre participation et de notre engagement.

Et donc notre spécificité dans tout cela, par rapport à tous ceux qui s’ouvrent avec cœur et générosité et compétence, s’engagent dans le même combat!

-    Être conscient qu’en approchant toute personne, injustement privée de ses droits, c’est le visage du Christ que nous rencontrons.

-    En luttant contre l’oppression, c’est le Christ lui-même que nous libérons, c’est lui que nous servons : Mt 25 « J’avais faim, j’étais en prison, malade… » (j’étais privé de mes droits essentiels et vous m’avez libéré)

-    Être conscient également qu’en venant en aide à quelqu’un, en l’aidant à grandir (individu ou peuple), c’est moi-même aussi qui me trouve touché, transformé, grandi, libéré : « Les pauvres m’ont évangélisé » disait Jean Vanier.

-    D’autant que, et c’est une motivation supplémentaire, et spécifique au chrétien, nous avons conscience d’avoir bénéficié nous-même, et de continuer de bénéficier de la même sollicitude de Dieu dans nos propres moments de détresse. C’est ce que dit saint Paul aux Corinthiens, 2 Co 1, 3-4 : « Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus Christ, le Père plein de tendresse, le Dieu de qui vient tout réconfort; ainsi nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse, grâce au réconfort que nous recevons nous-mêmes de Dieu.

Voilà quelques éléments qui font la spécificité de notre engagement pour la justice, comme chrétiens et Religieux(ses) et nous font obligation de nous engager ainsi; ce n’est donc pas quelques chose de facultatif. Que jamais nous puissions essuyer le reproche : « J’avais faim, soif, j’étais en prison, privé de mes droits, et vous n’êtes pas venu à mon secours… »
Le blessé était au bord de la route et nous avons détourné notre regard, nous avons choisi la tranquillité, nous avons continué notre route… Le pauvre Lazare était à notre porte, et cela ne nous a pas dérangés.

Voici nos motivations aujourd’hui…

La condition pour tout cela :

Commencer par reconnaître et accepter notre propre faiblesse.
Notre capacité à compatir ne pourra naître et grandir que si nous reconnaissons et acceptons notre propre faiblesse, à la manière de Dieu. Voici un texte d’un certain Roger Bichelberger que je trouve très beau et qui exprime bien cela :
« Dieu s’incline jusque là où vivent et souffrent les humains… Au cœur de la faiblesse de l’homme se tient Dieu. Au plus bas. Faible avec les faibles, humilité avec les humiliés, affamé avec les affamés, pleurant avec ceux qui pleurent… Et c’est au cœur de sa propre faiblesse que l’homme est invité à descendre, parce que Dieu se tient là, pas d’autre chemin. Et c’est du cœur de sa faiblesse qu’il entendra l’appel de la grande voix : En marche ! « Pour pouvoir marcher, il te faut reconnaître, il te faut habiter ta faiblesse, mon ami », dit Dieu; pour entrer ensuite dans la toute-faiblesse de Dieu. Alors tu seras bienheureux. »
Et le Cardinal Lustiger, à l’enterrement du fondateur de l’association « Aux captifs la liberté », l’abbé Patrick Giros, le 4 décembre 2002, disait dans son homélie :
« Le mystère de l’amour de Jésus qui a été le secret de Patrick, l’a amené, comme tous les disciples, à partager l’amour que le Christ porte aux enfants de Dieu perdus et blessés… Il a observé que tous sont également dignes de l’amour de Dieu, et que, devant cet amour, il n’y a ni marge ni texte, mais un seul mot : l’amour. Et ceux qui sont en marge sont autant aimés, voire plus parce que dénués de tout, que ceux qui sont dans le texte. Pour l’amour, il n’y a pas de marginaux… Voilà, me semble-t-il, l’inspiration majeure de Patrick… »

Ce pourrait être la source de notre propre inspiration…

Et ma conviction fondamentale est que nous, Religieux(ses) ne pouvons pas nous engager valablement dans le combat pour la justice, si nous ne nous appuyons pas sur une spiritualité forte, basée sur la Parole de Dieu, telle qu’elle s’exprime à travers la Bible , par exemple, sur quelques paroles de saint Paul, telle que : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » Ga 2, 19-20. Et si cela est vrai, alors nous devons recevoir pareillement cette autre parole : « Ayez en vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus… »  Ph 2, 5

Là est la source de notre engagement, il n’y en a pas d’autres.

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