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Mieux connaître les musulmans…

Il est écrit dans la Constitution Nostra Aetate de Vatican II : « L’Église regarde aussi avec estime les musulmans qui adorent le Dieu Un… » – La Halte , association qui accueille les familles de détenus en instance de parloir au Centre de détention de Joux-la-Ville, avait organisé une journée de formation à la salle municipale de Nitry, le 28 janvier dernier. Le thème retenu « Une meilleure connaissance des musulmans » fut exposé par Monsieur Gobry, historien et professeur de religions à Dijon. Voici un aperçu de cette enrichissante rencontre.

Tout un parcours…

« Souvent, en Occident, on s’en tient à des préjugés, nous dit M. Gobry :

-    pour certains, tous les musulmans seraient arabes et les Arabes seraient tous musulmans. Or, non seulement certains Arabes sont chrétiens, mais le monde musulman (un milliard de croyants) est loin d’être majoritairement composé d’Arabes.

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Mieux connaître les Musulmans

-    l’islam est considéré comme figé dans un Moyen Âge éternel dont sortiraient épisodiquement des fanatiques venant accomplir des actes de barbarie, autrefois avec le sabre, aujourd’hui avec des bombes. »

Ces préjugés rendent difficiles la compréhension de l’islam et M. Gobry a essayé de nous en donner une approche car l’actualité nous pousse : l’immigration en France a amené des personnes des pays musulmans.
            Après un parcours à la fois géographique et historique sur la naissance et l’expansion de l’islam, le conférencier nous présenta différents points de cette religion.

Monothéisme… Résurrection

L’unicité de Dieu est le dogme essentiel. La religion musulmane combat farouchement toute forme de polythéisme et la doctrine chrétienne de la Trinité. Les musulmans pensent que la Trinité est composée du Père, de Jésus et de Marie.
            La Sharî ’a (loi en arabe) fait de l’islam la « religion d’une loi ». Foi et loi sont inséparables.
            La vie après la mort. La vie sur terre est une épreuve et ne dure qu’un temps. Le musulman croit qu’il existe une vie après celle-ci et que récompense ou punition n’attendent pas le Jour du Jugement mais commencent sitôt les funérailles.

Les cinq piliers de l’islam

1)- La profession de foi : témoigner qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et que Muhammad est son Envoyé.

2)- La prière rituelle à accomplir chaque jour. Les cinq prières sont formées d’une prière élémentaire répétée avec de petites variantes, 2, 3 ou 4 fois :
- prière de l’aube, dès la fin de la nuit noire
- prière de midi dès que le soleil est passé au zénith
- prière de l’après-midi, après le milieu de l’après-midi
- prière du Maghreb, sitôt après le coucher du soleil
- prière de la nuit noire, une heure et demie après le coucher du soleil.

3)- Le versement de l’aumône légale.

4)- Le jeûne du mois du ramadan. De jour, pas de nuit. Absence de nourriture, de boisson, même de l’eau. Rien ne doit pénétrer dans le corps (les dentistes ferment leur cabinet). Les repas de nuit sont symboles de fraternité. On reçoit la famille et les amis. Une aumône spéciale aide les pauvres à fêter la rupture du jeûne. C’est un mois de maîtrise de soi, de prières à la mosquée et de lecture du Coran.

5)- Le pèlerinage à La Mekke une fois dans sa vie. Il confère le titre envié de hajj (pèlerin). La réalisation de ce devoir religieux n’est pas simple. Le voyage coûte cher. À son prix, il faut ajouter taxes et redevances. Les rites doivent être strictement observés par le pèlerin.

Après une série d’ablutions, il commence le rite de la circumambulatio en tournant sept fois autour de la Kaaba , petit temple cubique au centre de la grande cour de la mosquée.
            Le rite clé est celui des lapidations: chacun doit lancer des pierres sur trois piliers en granit marquant les endroits où le démon est apparu pour tenter Abraham. Le nombre très élevé de pèlerins (plus de 3 millions) rend ce rite extrêmement difficile : il y a des blessés et ensuite les autorités saoudiennes doivent se débarrasser des pierres.
            Et le rite du sacrifice du mouton. Plus de 500 000 bêtes sont égorgées en 3 jours : un véritable carnage, sous une chaleur torride et dans des conditions rudimentaires d’hygiène.

L’année liturgique musulmane

L’année de 354 jours compte 12 mois lunaires de 29 ou 30 jours. Les fêtes reviennent chaque année 11 jours plus tôt que l’année précédente :

-    Le 1er de l’an, souvenir de l’hégire (exil de Muhammad pour Médine, en 622).
-    Le 12 du 3e mois, souvenir de la naissance de Muhammad. Fête chômée et très populaire.
-    Le 27 du 7e mois : souvenir du voyage au ciel de Muhammad.
-    Le 15 du 8e mois : souvenir du changement de direction de la prière, de Jérusalem vers La Mekke.
-    Le mois de ramadan (9e mois).
-    Le 1er jour du 10e mois : rupture du jeûne.
-    Le 10e jour du 12e mois : fête du mouton en souvenir du bélier sacrifié par Abraham.

Deux grandes fêtes : sacrifice, rupture du jeûne.

L’interdiction des représentations figurées

L’islam n’est pas dans l’ensemble une civilisation de l’image. La calligraphie est « l’expression plastique du sacré comme la psalmodie du Coran a été son expression musicale » (P. Balta).
            Les recueils de traditions rapportent maints récits qui montrent l’horreur du Prophète pour les représentations figurées.

La mosquée

Elle est, comme la synagogue dans le judaïsme, le lieu de réunion des fidèles. Mais elle n’est pas, à la différence de l’église catholique, « demeure de Dieu ».
            La salle de prière de la mosquée semble nue. Pas de sièges, pas de statues ni de tableaux. Dans le mur du fond, le mihrâb, sorte de niche creusée, indique la direction de la Mecque. Une forêt de piliers auxquels s’adossent les croyants. Un rideau dans le fond de la salle sépare les hommes des femmes, pour la prière.
            L’appel à la prière retentit cinq fois par jour du haut du minaret. « Minarets carrés d’Andalousie et du Maghreb, minarets-dentelles du Caire et d’Istanbul, minarets fuseaux d’Ispahan », c’est là, l’art musulman dans toute sa splendeur.
            Dans la mosquée, cet art s’exprime à travers la céramique, le bois de cèdre, la pierre, le plâtre, le bronze. Qu’il s’agisse des lampes, des tapis, des revêtements des murs, de la décoration, la calligraphie est là, courant et s’enroulant partout, multipliant les arabesques qui répètent le nom d’Allah et de son prophète.

Un mode de vie et une éthique

Au cours de ces 13 siècles, s’est formé un islam de base avec des conduites rituelles, des formules… Il résulte d’un lent apprentissage,

-    d’habitudes corporelles (ablutions…) et mentales rigoureusement reproduites par une éducation rigide,
-    dans une société où la famille est encore conçue selon le modèle de la famille patriarcale,
-    avec l’autorité du père et la prééminence de l’homme sur la femme.

Morale d’une société close. Vertu essentielle : la solidarité. Ce qui compte : la cohésion de la communauté. L’individu doit se plier au groupe. Soumission. C’est une morale du dressage, de la répression. Objectif : répondre aux devoirs commandés par une religion de la loi. Elle s’oppose à la morale de la religion chrétienne qui privilégie non pas la loi mais l’amour.

Nous remerciâmes vivement M. Gobry et nous nous quittâmes après des questions-réponses sur : Coran, interdits alimentaires, jihad, port du voile, immigration maghrébine, construction des mosquées en France… Celle des Hauts d’Auxerre est en voie de finition.

Sœur Clotilde Nourry, ss.cc.j.m.
Vermenton
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