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Dix ans après… la demande de
Monseigneur Lucien Monsi Agboka

Les sœurs aînées percevant un avenir dans la venue des jeunes Africaines, répondant OUI. Ainsi, une porte s’ouvre devant nous. Nous pouvons franchir le seuil d’un pays si beau : le Bénin.

Une contrée nous accueille, un peuple nous ouvre les bras, une culture nous embrasse. Pour les sœurs, une nouvelle expérience leur sourit !

Quatre sœurs entrent sur la piste de danse : Sœurs Monique Renou, Rita Marion, Assumpta Igwé et Flore-Édith Ahorou. Peu de temps après, d’autres sœurs y emboîtent leurs pas.

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Dix ans après la demande de Mgr Agboka

Une nouvelle expérience

Cependant un silence inhabituel fait naître un soupçon d’inquiétudes. Comment entrer dans un rythme nouveau, scandé par des instruments inconnus qui offrent une musique inusitée?... Une initiation s’impose à nous, afin de rencontrer sur la piste béninoise l’homme, la femme dans sa dignité propre.

Est-ce un OUI donné? Est-ce un OUI contraignant?

Les sœurs des Saints Cœurs de Jésus et de Marie se donnent la tâche de connaître ce peuple en bannissant les critiques et les préjugés. Elles acceptent de se laisser toucher par la culture en y découvrant sa richesse.

Le comité international foi et justice au Bénin (CIFJ-B) entre dans la danse en se laissant guider par le Père Jean Kénoumin choisi par l’administrateur du temps.

Le 7 mars 2008, Père Jean nous entretient sur un thème qui m’effraie, dira-t-il. Percevant la difficulté de présenter l’âme d’un peuple en quelques minutes, encore plus complexe de prétendre dépeindre les traits caractéristiques d’un type d’homme pris dans son histoire originelle et dans sa culture en vue de pouvoir le connaître et vivre avec lui.

Comprenez chers lecteurs, chères lectrices que malgré ses peurs énumérées, sa crainte exprimée, les sœurs se montrent très impitoyables. Elles n’expriment aucune volonté de le décharger et plus est, ajoutent à son poids une attention ferme qu’elles affichent par un silence qui en dit long sur leur curiosité et sur leur détermination à en savoir plus.

Il entreprend donc d’essayer juste une petite présentation de l’homme Fon, comme nous le désirons, en abordant premièrement l’histoire de son implantation, ensuite il esquisse quelques traits caractéristiques culturels avant d’aborder le type d’homme que tout cela fabrique dans chaque individu.

Il est important de considérer le régime politique de ce peuple : régime de royauté. De successions royales en successions royales, le royaume d’Abomey connaît toutes sortes de péripéties intrinsèques à toute institution de cette nature : conquêtes, expansions, invasions, apogée, décadence. Il ressort donc que ruses et trahisons ont rythmé et mu cette histoire d’un peuple qui se bâtit.

Ce qui caractérise la culture Fon, est l’âme religieuse qui la façonne. Ceci trouve sa manifestation dans le vodou qui choisit une divinité à vénérer et adorer. C’est aussi toute la structure sociologique, psychique et surnaturelle mise en place autour de cette religiosité quasi populaire : le vodou envahit tout. Soulignons que dans la mentalité Fon, le vodou ne s’oppose pas à priori à Dieu. Dieu est reconnu comme Être suprême, le transcendant et est désigné par le terme « MAWU ».

Les rythmes, les chansons, la langue, l’habillement, le comportement social sont autant de facteurs culturels qui déclinent l’identité d’un peuple. Ce qui semble commun dans ce milieu est la majesté, la dignité, la lenteur, l’arrogance mesurée, le respect craintif de la tradition reçue et exotique, l’intelligence, le leadership doublé de la ruse mesquine. Pour brosser une typographie de l’homme Fon, le père affiche encore ses craintes car cette aventure, dira-t-il, plutôt que d’instruire, suscite d’agressives réactions d’autodéfense et d’inimitié. Cependant il s’évertue à exprimer non pas ce qu’il pense, mais ce que disent les Fons d’eux-mêmes ou les autres peuples des Fons. Et il poursuit : L’homme fon est d’une grande intelligence, d’une intelligence conceptuelle et surtout pratique et stratégique. Il est guerrier et a une perspicacité stratégique de la guerre bien pensée et très performante. Il détenait à côté de ses troupes d’hommes un puissant bataillon de femmes appelées « amazones » de plus de 40 000 soldats au temps du roi Guézo !

On peut dire au regard de cela que l’homme Fon avec son intelligence a le goût de la conquête et de la découverte. Mais il faut noter que si on le retrouve dans tout le Bénin et sur toute la terre c’est moins par goût de l’aventure que par peur des siens aussi rusés et espiègles que lui !!!

Pour tous les peuples du Sud Bénin jusqu’à la hauteur de Parakou, l’homme Fon est ontologiquement mauvais et haï comme tel. Cette haine est par surcroît, transmise de génération en génération. C’est dommage… mais c’est là un lieu d’évangélisation pour apaiser les tentions ethniques toujours latentes dans toute communauté au Bénin qu’elle soit sociale, paroissiale, ou même religieuse.

Travailler à la justice et à la paix demande d’abord de commencer à travailler à la conversion des mentalités forgées par les mémoires blessées.

Pour clore, le Père Jean nous livre sa pensée en ces termes :

Les sœurs des Saints Cœurs de Jésus et de Marie constituent un creuset de spiritualité appropriée à une telle œuvre d’évangélisation et de témoignage. Car ce Cœur qui a tant aimé le monde, tant aimé les hommes, veut qu’en l’aimant, nous apprenions à l’école de Marie à nous aimer sincèrement et n’être qu’UN devant LUI.

La balle nous est ainsi lancée ! Un OUI donné, un OUI dérangeant ! Un tel entretien soulève encore d’autres préoccupations… Sœur Michelle Parent prend la parole en invitant le Père à revenir, notre découverte du milieu est loin d’être terminée… et surtout notre comment nous engager…

Les sœurs en se séparant renouvellent intérieurement leur OUI, comprenant que pour la mission, il faut semer des graines d’amour dès le bas âge de la personne. Notre mission d’éducatrice doit porter des graines de paix, des fruits d’amour dans la génération présente et avenir.

Merci Père Jean. Cette espérance prend racine dans la confiance d’Amélie c’est au Cœur de Jésus qu’il faut tout demander avec la certitude d’être exaucée. Un OUI donné, un OUI joyeux Seigneur ! Merci pour tes bienfaits.

Une deuxième rencontre est organisée pour recevoir le Père Jean. Cette fois l’entretien pour sur l’inculturation. Nous avions prévu un voyage à Ouidah pour écouter Monseigneur Monsi Agboka, qui a tellement travaillé à la promotion de la personne en reconnaissant les richesses de la culture Fon et en faisant de l’inculturation la ligne directrice de sa pastorale durant quatre décennies ! Hélas le projet a échoué car Dieu le rappelle à Lui… c’est ainsi que nous accueillons le Père Jean !

Comment rejoindre l’homme Fon dans sa culture ?

Monseigneur Agboka développe deux approches essentielles :

La première approche : L’éducation par la création de centres de formation, pour répondre à l’injonction du Christ : donnez-leur vous-même à manger afin de réduire la misère de l’homme et de la femme et de promouvoir leur dignité. Le Père Jean dira : Beaucoup de vies humaines sont sauvées à la fatalité du système culturel aliénant : des filles arrachées au mariage précoce et au mariage forcé, des garçons sauvés des rapts pour internement dans les couvents fétiches…

Le deuxième approche passe par la sanctification de l’Église nous expliquera notre conférencier : Ainsi des efforts sont initiés et soutenus afin que l’homme Fon puisse vivre la liturgie chrétienne sans être culturellement dépaysé. Ainsi se développe un art sacré Fon au niveau musical avec la chorale Hanyé et au niveau des rituels avec le groupe Mèwihwindo.

Comment rejoindre l’homme Fon dans sa culture afin de le rapprocher de Dieu et d’éviter le syncrétisme ? Telle est la grande question…

L’inculturation n’est-elle pas un danger quand on est conscient de l’influence du vodou sur l’homme Fon ? Pour le Père, l’inculturation est plutôt une porte ouverte pour le rejoindre. Le Fon se sent plus concerné par les rythmes qui lui sont propres, ses instruments de musique, qui l’aident à rentrer en lui-même.

Mais pour l’heure, le temps ad experimentum est suspendu… nous sommes à la phase de l’évaluation recommandée par les Dicastères romains… Plaise à Dieu que cette évaluation se fasse le plus vite possible !  Conclut le Père Jean.

Bien qu’il soit plus court, nous reconnaissons la richesse de cet entretien. Et les questions fusent !!!

Ensuite Sœur Claire Yaby offre la conclusion finale devant la réaction ébahie du Père de voir tout notre intérêt à la culture et à l’homme Fon !

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Sœur Claire Yaby, ss.cc.j.m.
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