Deuil-Amis-JoÉmotions et réactions après une perte |
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Après les quelques jours passés au Centre funéraire, nous reprenons la vie quotidienne et parfois, comme le dit si bien Ovide, « c’est un soulagement de pouvoir pleurer... », la tristesse est emportée par le flot de larmes. On a l’impression de devenir fou, il nous semble que nous sommes un poids pour tous ceux que nous rencontrons. Montrer ses émotions est considéré comme un signe d’immaturité. Quand ces émotions sont intenses, on sera considéré comme "hypersensible". Enfin, si elles sont particulièrement intenses, on conclura que la personne devient folle ou qu’elle fait un "deuil pathologique". Voici les principales émotions ressenties lors d’un deuil, lesquelles sont très normales et ne demandent qu’à être exprimées et écoutées. ANGOISSE ET PEUR : dans les situations de perte, l’inconnu n’est pas seulement le fait de devoir continuer sans l’être cher, c’est aussi l’expérience d’émotions, d’intensité jamais éprouvées. On veut parler du disparu à un ami, mais la douleur nous coupe la parole; a tout moment peut survenir l’angoisse d’une nouvelle perte. Si la mort a frappé brutalement, pourquoi n’y aurait-il pas une nouvelle perte brutale? La perte de quelque chose ou de quelqu’un d’aimé est souvent vécue comme la perte d’une partie de soi-même. Ceci est particulièrement intense quand on perd un enfant. Perdre une partie de soi-même entraîne la question suivante : qui suis-je ou que suis-je maintenant? Ce sentiment plus ou moins marqué peut perdurer jusqu’à la fin du deuil et être source d’angoisse et de peur. RÉVOLTE ET AGRESSIVITÉ : c’est une réaction normale à la perte de quelque chose ou de quelqu’un auquel on tient. Notre société accepte mal cette agressivité, et la personne en deuil comme l’entourage, ne comprend pas que cette réaction est naturelle. L’agressivité se dirige vers la personne décédée, vers Dieu, vers l’entourage et vers la vie elle-même. On est en colère sur le défunt qui négligeait sa santé, qui abandonne sa famille, qui nous laisse nous débrouiller seul. Plus fréquemment, l’agressivité s’adresse à d’autres qui ne perdent pas d’être cher, comme par exemple, à la voisine qui garde son mari, au couple que l’on voit s’embrasser, ou si on a perdu un enfant, on peut manifester de la colère à la vue d’une personne enceinte. Germaine, dont le mari est décédé dans un accident de travail, se montre particulièrement irritée et agressive. Elle agresse ses sœurs qui l’aident en permanence pour ses enfants, elle agresse ses parents, ses beaux-parents. Pourtant, eux aussi perdent un fils, un beau-fils, un beau-frère, un frère. Devoir en même temps supporter l’agressivité et vivre son propre chagrin, est dur à vivre. Des relations peuvent se rompre et des familles se disputer ou se diviser à jamais. Accepter l’agressivité sera plus facile en sachant que c’est une réaction normale à la perte d’un être cher ou de quelque chose de précieux. Il vaut mieux pouvoir l’exprimer, sinon cette agressivité peut se transformer en amertume. L’importance pour l’entourage est donc de bien comprendre que cette agressivité n’est pas à prendre pour soi, mais qu’elle peut s’exprimer précisément parce qu’il y a une relation de confiance. Néanmoins, si cela devient trop lourd à supporter, on peut demander à la personne en deuil d’en tenir compte, ou encore de voir quelqu’un qui est apte à entendre sa colère et l’aider à l’exprimer adéquatement. Le prochain article portera sur la culpabilité, cette croqueuse de bonheur, qui nous visite toujours lors d’un deuil d’une personne chère. |
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Agathe Beaudry, ss.cc.j.m. | ||||||||||||
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