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Dans la lignée de Jean Eudes, Amélie Fristel et sa Congrégation.

Voir l'historique de la Congrégation dans la section Histoire

Amélie Fristel a vécu simplement, au jour le jour, sa vocation de «petite glaneuse» dans le champ du Père.  Elle a marché les yeux fixés sur le divin Moissonneur qui a bien voulu l’associer à Son oeuvre...

L’expression qui peut le mieux caractériser Amélie Fristel et ses filles, c’est, en effet, le mot « glaneuses ».  Amélie Fristel répétait souvent à ses Sœurs : « Nous sommes de petites glaneuses ».  On connaît mal aujourd’hui ce mot « glaneuses »; autrefois, il désignait celles qui ramassaient les épis restés sur le champ après la moisson.  C’a été le cas d’Amélie Fristel : une œuvre l’attirait davantage qu’elle était moins enviable, que personne ne s’en souciait...  Ne dit-on pas d’elle que « Elle accepta cette fondation des Petites Écoles parce qu’elle était la plus humble et la moins recherchée des autres congrégations enseignantes ».  (S. Lucie, l’une des Sœurs qui l’ont le mieux connue).  C’a été le cas de ses Sœurs qui en ont fait comme un critère de discernement dans les activités multiples qui s’offraient à elles et ce l’est encore davantage en ces temps qui sont les nôtres où la pauvreté des effectifs oblige à « choisir »...

C’est cette mission de glaneuse qui a amené Amélie Fristel à « élargir l’espace de sa tente » (Is. 54, 2).  Par exemple : sa maison ouverte pour venir en aide aux vieillards pauvres, elle l’ouvre aussi chaque fois que des appels lui parviennent... sa Congrégation, fondée pour le soin des vieillards, elle en élargira le champ aux enfants des « petites écoles », parce que l’évêque lui a pointé ce besoin... et ainsi de suite, chaque fois qu’on lui parle de « là où personne ne veut aller », « là où les œuvres ont moins d’attrait »...

Le mot « glaneuse » parle plutôt de moisson que de semence.  Amélie Fristel était consciente que « les semences du Verbe » sont à l’œuvre déjà bien avant l’arrivée des moissonneurs.  Elle avait foi en l’humanité!  Et « le bon peuple », comme elle aimait dire, lui a enseigné la simplicité de vie qui l’a caractérisée et caractérise encore aujourd’hui sa Congrégation.

CHRONIQUES SPIRITUELLES

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Dans la lignée de Jean Eudes,
Amélie Fristel et sa Congrégation
Dans la lignée de Jean Eudes (la suite)
Amélie Fristel et nous aujourd'hui

La spiritualité, celle d’Amélie Fristel particulièrement, nous appelle à plus d’humanité... à un grand respect des personnes, de leur dignité... à un souci de les amener au meilleur d’elles-mêmes.

Venard, l’un de ses biographes, écrit : « Et si elle semble ne rencontrer autour d’elle que des collaborateurs fidèles, des prêtres attentifs, des vocations généreuses, des bienfaiteurs, n’est-ce pas parce que sa bonté et sa bienveillance font s’affirmer chez l’autre le meilleur de lui-même?  Rappelons-nous qu’à trente-cinq ans, elle disait ne pas savoir ce qu’est un mauvais caractère! » (p. 209).

Maurice Zundel a deux expressions très belles pour dire cela : « ... se tenir à genoux devant l’homme (toute personne...) dans l’esprit du lavement des pieds »...  Et « On ne peut s’approcher de qui que ce soit que sur la pointe des pieds. »  Amélie Fristel avait bien compris que la plus grande douleur des pauvres (et on en est tous, à certaines heures...), c’est que personne n’a besoin de leur amitié, personne ne les croit capables de donner.  Elle savait « libérer le fond de bonté de l’être humain » (l’expression est de Paul Ricœur).  Elle veut faire vivre, libérer, aider, aimer; elle ouvre aux autres la même espace que Dieu lui a ouvert.  Avec elle, les personnes même les plus « déchues », pourrait-on dire, retrouvent leur dignité... se sentent reconnues dans leur unicité!...   Une petite parabole pour redire cela :

«Il était une fois un sage très érudit qui avait coutume d’écrire au bord de l’océan et de consacrer de longues heures de marche le long de la mer, à de profondes réflexions et méditations.  Un jour qu’il marchait près de la mer, il vit au loin une forme humaine qui avait l’air de danser.  En réalité, elle ne dansait pas: elle se penchait, ramassait quelque chose et courait le jeter dans l’océan.  À portée de voix, il interpella ce qui s’avérait être un jeune homme : « Que faites-vous? »  Et le jeune homme de répondre : « Je remets des étoiles de mer dans l’océan.  Comme elles ont manqué la marée descendante, elles mourront si je ne les remets pas à la mer. »  Notre sage fit observer gentiment au jeune homme qu’il y avait des kilomètres de plage et que son action n’aurait aucune influence significative sur le destin de toutes ces étoiles de mer.  Après avoir écouté avec respect, le jeune homme se pencha de nouveau, saisit une étoile de mer et alla la lancer dans la mer.  En revenant, il déclara à notre sage : « Pour celle que je viens de lancer, ça change tout!... » Le jeune homme avait fait un choix.  Il avait une vision claire de l’avenir de ces étoiles de mer.  Au lieu de rester observateur du monde, il avait choisi d’en être acteur et de changer les choses.  Le lendemain, le sage se leva, trouva le jeune homme et consacra le reste de la journée à remettre des étoiles de mer à l’océan... »

« L’homme qui plantait des arbres » sélectionnait – sa vocation l’exigeait – les meilleurs glands pour avoir des arbres vigoureux.  Par contre, comme la plupart des fondateurs et fondatrices, Amélie Fristel avait une option préférentielle pour les pauvres.  « Mère de la charité et des pauvres, et appelée de ce nom », comme le rappelle le Décret d’héroïcité des vertus promulgué par Rome en 1976, Amélie Fristel a vu la misère de son peuple et s’est compromise pour y remédier...  Les malades ont été très tôt les bénéficiaires de sa charité.  Le P. Gauderon, en préface à la première biographie d’Amélie Fristel, parle de sa prédilection marquée pour ceux que l’on appelle aujourd’hui les marginaux...  On a aussi dit d’elle (Ponphily, Notice, p. 54) qu’« elle s’appliquait à développer chez les jeunes institutrices confiées à ses soins, l’intelligence qui comprend les besoins des pauvres ».  N’est-ce pas d’ailleurs ce qui l’a fait rêver d’un grand jardin, et le mettre au service des pauvres quand un héritage lui en a procuré un...

Une autre différence de « spiritualité » entre elle et « l’homme qui plantait des arbres », c’est que Elzéar Bouffier vivait et travaillait seul, comme le lui imposait son travail de berger.  Tandis qu’Amélie Fristel a été « communautaire » autant dans sa vie que dans sa façon de travailler.  On dit même que ce serait probablement la caractéristique la plus visible de toute l’œuvre d’Amélie Fristel et, espérons-le, de ses Sœurs : « Nous formons, disait-elle, moins un couvent qu’une famille!... »

L’esprit de famille qui lui tenait tellement à cœur donnait le ton à tous ses engagements.  Elle voulait dans ses œuvres « la libre expansion du cœur, la bonne volonté, l’union des sentiments et cet entrain de la charité qui répand la joie sur les travaux...  Elle se défiait de l’esprit de tristesse et de contrainte qui rétrécit la piété... »  (Ponphily, Notice, p. 55).  Cet esprit de famille devenait comme le pré-requis des engagements que ses sœurs étaient appelées à vivre en plein monde, Car, Ponphily le dit aussi, « ... ses filles n’étaient pas destinées aux habitudes du cloître.  C’était sous les yeux du public, parmi les enfants et les habitants de la campagne, qu’elles devaient exercer leur ministère.  Pour apprendre aux uns et aux autres à resserrer les liens de la famille, il fallait qu’elles-mêmes en eussent expérimenté la pratique. »

Et cet esprit de famille, elle le souhaitait autant pour sa communauté que pour ses œuvres : les vieillards recueillis faisaient partie de la famille... dans toutes ses œuvres, elle avait le souci de s’associer des personnes...  Elle a toujours eu le souci de mobiliser les bénéficiaires (Bureau de charité, notamment), de rendre collaborateurs laïcs et religieuses, enseignantes et soignantes, jeunes et vieillards... de faire de tous les membres d’une même famille.  La mission d’Amélie l’a amenée à rassembler aussi riches et pauvres dans la béatitude des pauvres.  Elle aurait pu dire comme la Mère Theresa: « Restez où vous êtes, mais rappelez-vous qu’ils (les pauvres) sont là. »

« Humilité et confiance restent le cœur du message qu’Amélie Fristel est appelée à donner au monde d’aujourd’hui », dira le décret d’héroïcité de ses vertus...  L’humilité (cet « agenouillement droit » dont parle Péguy...), c’est savoir mettre Dieu à sa place et trouver la nôtre, humilité et confiance s’appellent réciproquement.  L’humilité seule risquerait d’être faussée si la confiance ne venait ajuster sa trajectoire : elle risquerait de nous faire nous opposer à ce que Dieu veut opérer en nous, sous le prétexte de notre pauvreté fondamentale...  Nous pourrions faire barrage à l’espérance que Dieu place en nous.

Dans toute vie, c’est la durée qui parle fort.  De « l’homme qui plantait des arbres », Giono dit dans son introduction : « Pour que le caractère d’un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années.  Si cette action est dépouillée de tout égoïsme, si l’idée qui la dirige est d’une générosité sans exemple, s’il est absolument certain qu’elle n’a cherché de récompense nulle part et qu’au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles, on est alors, sans risque d’erreurs, devant un caractère inoubliable. »  (p. 5). 

D’Amélie Fristel, son plus récent biographe dit à peu près la même chose :

-- « Une vie tout ordinaire; mais peut-être ce déroulement tout simple nous invite-t-il à chercher plus attentivement, sous les eaux tranquilles, le courant secret qui a animé une existence toute saisie par l’amour du Christ... »  (p. 9).

-- « Où est donc la source de cette inépuisable charité?  Certes, il existe dans le cœur de l’homme une certaine générosité naturelle, qui peut l’engager parfois dans une bienfaisance courageuse, mais des limites finissent le plus souvent par apparaître.  Devant les échecs, les ingratitudes, les multiples blessures de la vie, et la fatigue de l’âge, l’amour d’autrui se refroidit peu à peu.

Or, chez Marie-Amélie, on ne constate, après des années de dévouement et d’oubli de soi, aucune faiblesse, aucune baisse de régime.  Ouvert, ardent, entreprenant, son cœur reste d’une étonnante jeunesse, d’une rafraîchissante simplicité...

Dirons-nous donc qu’Amélie Fristel a exercé la vertu à peu de frais dans une existence somme toute assez paisible?  Ce serait un regard bien superficiel.

Il semble au contraire que si la vie d’Amélie Fristel s’est déroulée, tout compte fait, sans drame, c’est parce qu’elle s’est établie d’emblée dans la logique héroïque du baptême : mourir à soi-même, vivre au Christ. »  (pp. 207-209).

Pour approfondir :

  • Dans la vie d’Amélie Fristel, qu’est-ce qui vous frappe le plus?
  • Trouvez-vous dire que la spiritualité d’Amélie Fristel est à la fois très simple et très actuelle?

Sr Lise Plante, ss.cc.j.m.
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