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La spiritualité de l'École française est une spiritualité de l'Incarnation.

Selon Bérulle, l’Incarnation a été, dans l’histoire des religions, un événement aussi considérable que l’a été la révolution copernicienne dans l’histoire de l’humanité.

En Jésus incarné, c’est Dieu qui se dit.  Le mystère de l’Incarnation, c’est Dieu qui vient partager la condition humaine.

Désormais, parce qu’il y a eu l’Incarnation, Jésus, qui a été le chemin de Dieu vers nous, est maintenant notre chemin vers Dieu. Nous sommes appelés-es à participer à sa condition de Fils…  «Tant que Dieu sera Dieu, il sera homme», comme le dit si bien Bérulle. L’homme Jésus est la figure historique de Celui qui, au-delà et au-dessus de tous les temps, est contemporain de tous les temps.

Dieu nous cherche encore bien plus que nous le cherchons. Notre première réaction devant le don de Dieu dans l'Incarnation, ce devrait être un émerveillement intarissable. Car «Dieu est Dieu, nom de Dieu!» comme s'exprime Maurice Clavel.

Ce don révèle la grandeur de toute personne. En Jésus, entré dans le temps, toutes les dimensions de la vie humaine reçoivent une grandeur nouvelle.

L'Incarnation modifie notre regard. Pour certains-es, la quête de Dieu semble exiger une rupture avec l'horizon des soucis quotidiens et matériels qui nous absorbent.  Au contraire : c’est à travers même tout ce qui semble le plus profane de nos vies que nous rencontrons Dieu. Dieu vient nous rencontrer au plus creux, au plus prenant de notre humanité avec toutes ses fragilités et ses lourdeurs. Le lieu de la véritable rencontre, c'est notre vie humaine dans son très concret... Dieu s'est fait homme pour que sa vie de Dieu pénètre tout l'humain.

Vivre une spiritualité de l'Incarnation, c'est laisser Jésus continuer en nous son Incarnation. Nous sommes appelés-es à lui être une «humanité de surcroît» en laquelle Il puisse se continuer... Pour reprendre l’expression de saint Jean Eudes,  nous avons à laisser l’Esprit Le «former en nous», à «continuer Sa vie sur la terre».

Cela suppose d’une part une vie centrée sur Jésus, dans une communion profonde à sa vie et, en même temps, une vie bien insérée là où nous sommes : époque, milieu…  permettant ainsi au Fils de Dieu de continuer à planter sa tente parmi nous (Jn 1, 14) dans l'aujourd'hui de l'humanité. La liturgie de la fête du Cœur de Jésus instituée par Jean Eudes nous fait demander : «Accorde-nous de vivre en Toi au cœur du monde.»

L’Incarnation n’est pas finie!   Jésus veut la continuer en nous. Nous sommes appelés-es à devenir d’«autres Jésus en la terre», selon la très belle expression de Jean Eudes. Le fait de croire à un Dieu incarné nous oblige à une relecture constante de notre époque et à un réajustement continuel de notre relation à nous-mêmes… aux autres… à Dieu.

CHRONIQUES SPIRITUELLES

Qu'est-ce que la spiritualité?
Grandes lignes de la spiritualité contemporaine
Les Écoles de spiritualité
L'École Française de spiritualité
La spiritualité de l'École française est une spiritualité de l'Incarnation
Le Baptême à la lumière de la spiritualité École française
L'appel à la mission
La spiritualité du Cœur
La démarche eudiste, une démarche collée à la vie
Dans la lignée de Jean Eudes,
Amélie Fristel et sa Congrégation
Dans la lignée de Jean Eudes (la suite)
Amélie Fristel et nous aujourd'hui

─  Relation à nous-mêmes…

Ce n'est pas plus facile d'entretenir la foi en l'humanité que la foi en Dieu. 

Au fond, les Bérulliens ne sont pas si loin de ce que le Concile et Jean-Paul II affirment : l'homme, même sans référence à Dieu, est image de Dieu. Comme le rappelle Jean-Paul II dans Splendor Veritatis, #5: «Le mystère de l'homme ne s'éclaire que dans le mystère du Verbe incarné.» Le respect de toute humanité est une fidélité au Verbe incarné.

Dieu a choisi la manière la plus bouleversante de nous convier à devenir humains, i.e. «à son image», en laissant battre en nous un coeur de chair et en posant modestement le geste qui est à notre portée et qui souvent suffit à enrayer le mal.

─  Relation aux autres:

En liant son sort au nôtre, Dieu nous lie aussi les uns-es aux autres. C'est ce qu'on appelle aujourd'hui la dimension horizontale de la charité… Cela concerne évidemment notre vie relationnelle au quotidien.

Dans le domaine de la relation aux autres, une piste plus «collective» s'est ouverte à nous dans un monde qui commence à percevoir le prix à payer pour ce qu'on a appelé le progrès de la civilisation. Notre contemplation du mystère de l'Incarnation nous interpelle dans le sens :

  • d'une lutte contre tout ce qui nous empêche d’être vraiment «humains»,
  • d'une action que je dirais à la dimension de l'univers pour «sauver la planète»,
  • dans le domaine des droits de la personne...
  • et, du même coup, assurer des conditions plus humaines à ceux et celles qui viendront après nous.

─  Relation à Dieu:          

Une spiritualité de l'Incarnation resitue aussi notre relation à Dieu. Les Pères de l'Église se sont émerveillés de «l'admirable échange» qui nous rend «capables de Dieu», selon la très belle expression de Bérulle. Le Fils de Dieu a pris notre humanité pour que chaque personne humaine soit faite fils-fille de Dieu.

Parce que Dieu s'est voulu solidaire de toute personne humaine, un-e chrétien-ne ne peut plus vivre sa relation à Dieu qu'en y intégrant, lui aussi, une solidarité totale avec l’humanité et tous ceux et celles qui la composent.

En christianisme, on ne peut comprendre une vie de contemplation qui ne soit en même temps une vie ouverte à la totalité du monde et de l'histoire. Notre contemplation, en tant qu'ouverture à Dieu, est en même temps ouverture à la création de Dieu et à la présence incarnée de Dieu dans chaque être humain et dans l'histoire de l’humanité.

Le contemplatif vit l'élan de sa contemplation sans pouvoir se dissocier de sa solidarité avec les hommes parce que sa prière participe nécessairement à la prière de Jésus. Le chrétien, à plus forte raison le disciple École française de spiritualité, prie toujours par le Christ et donc sa prière est prise dans le mouvement de la prière de Jésus, qui assume la totalité de la création et de l'histoire dans l'ouverture qu'il vit à son Père dans l'Esprit.

Si nous la vivons à l'intérieur de la prière de Jésus, notre contemplation assume, peut-on dire, la totalité de ce qui est. La prière de Jésus n'est pas seulement située à certains moments de son existence; elle est sa communion avec le Père vécue à chacun des moments, dans chacun des actes de sa vie... En termes École française de spiritualité, notre contemplation est donc participation aux «états et mystères de Jésus» dans l'aujourd'hui de notre vie.

La contemplation chrétienne ne peut pas être une fuite du monde. Comment pourrions-nous admettre que la contemplation nous fasse fuir le monde créé par Dieu? La contemplation est bien plutôt une manière d'épouser le mouvement qui travaille le monde et le conduit.

Simone Weil disait: «Ce n'est pas à la façon dont un homme parle de Dieu que je vois qu'il a séjourné dans le feu de l'amour divin... mais c'est à la manière dont il me parle des choses terrestres.» Et Eloi Leclerc: «Ce que l'on n'a pas su saisir dans l'instant, nulle éternité ne nous le rendra.»

Tous les chrétiens ont à témoigner que la rencontre du Dieu de l'Alliance se vit dans le service de l'humanité. C'est la logique même du mystère de l'Incarnation.

Pour prolonger la réflexion

  • Est-ce que j'ai déjà réfléchi aux incidences de l'Incarnation de Jésus par rapport à ma relation à moi-même?
  • Comment ma réflexion sur les implications du mystère de l’Incarnation m’appelle-t-elle à changer ma relation aux autres?
  • La lecture de ce texte a-t-elle changé quelque chose à mon image de Dieu et à ma relation avec Lui?

Sr Lise Plante, ss.cc.j.m.
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