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Heureux les pauvres en esprit,
car le Royaume des cieux est à eux.

Pour bien comprendre...

Les Béatitudes selon Luc et Matthieu...

La pauvreté selon Matthieu...

Former Jésus en nous...

En résumé...

Temps d'intégration

LES BÉATITUDES

Les Béatitudes
Les Béatitudes, en général
Le bonheur à la manière de Jésus
Heureux les pauvres
Heureux les affamés
Heureux les cœurs purs
Heureux les doux
Heureux les miséricordieux
Heureux les artisans de paix
Heureux les affligés
Heureux les persécutés
L'homme et la femme des Béatitudes

Pour bien comprendre le sens de chaque Béatitude proclamée par Jésus : Heureux les pauvres, les assoiffés… etc. trois facteurs sont à considérer :

1.- l’origine de la béatitude, c’est-à-dire le sens du terme dans l’Ancien Testament et dans le judaïsme qui ont inspiré Jésus et les évangélistes : la source du mot ou l’attache biblique,

2.- le contexte mathéen, qui indique la réinterprétation des textes-sources. Jésus accomplit les promesses de l’Ancien Testament en y apportant, souvent une nouveauté de sens,

3.- le témoignage de la vie de Jésus, dans la mesure où un lien peut être établi entre ce que rapporte l’Évangile et les béatitudes particulières.

Approfondissons la béatitude : "Heureux les pauvres en esprit car le Royaume des cieux est à eux." (Mt 5, 3)

Traduction littérale de la Bible de Jérusalem, cette première béatitude donne lieu à plusieurs interprétations. Il importe de bien s’entendre sur les vocables de « pauvreté, de pauvre, de cœur de pauvre, ou de pauvre de cœur ». Leur définition n’est pas à chercher dans le Larousse mais dans les textes sacrés. Dans les plus anciens de ces textes, les mots hébreux qui désignent « le pauvre » sont des termes concrets :

-      le mendiant, le quêteux, l’indigent : celui qui fait une démarche pour dire son besoin;

-      le chétif, le courbé.

Ces termes, de la Bible hébraïque, comme vous le voyez, expriment l’attitude physique du pauvre. Dans la langue grecque, « pauvre » peut être traduit par trois mots : pauvre – doux – petit.  Le terme français « humble » peut décrire une attitude morale ou une situation extérieure comme : indigent – chétif – courbé.  On peut affirmer facilement que dans l’Ancien Testament on distingue deux (2) sortes de pauvres.

1.- Les indigents, ceux qui matériellement ne peuvent subvenir à leurs besoins : la veuve et l’orphelin, l’informe et le mendiant, mais aussi toutes les personnes qui sont prisonnières de quelque façon enfermées dans leur malheur, derrière des grilles ou dans leur « cœur brisé »… et qui ont besoin…

2.- Les anawins, (hébreu) signifient les doux, les cœurs purs, les humbles qui font confiance au Seigneur, accueillent sa Parole. (Grecque)

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Les béatitudes de Luc se réfèrent à la première catégorie : les indigents et il vient à leur rescousse, c’est pourquoi il privilégie les pauvres tout court; c’est la pauvreté-situation, la pauvreté extérieure, matérielle.

Les béatitudes de Matthieu se réfèrent à la deuxième catégorie : les anawins… les pauvres de cœur, c’est la pauvreté intérieure. À noter que nous sommes tantôt indigents… tantôt anawins. L’opposition chez Matthieu n’est pas entre pauvre et riche mais entre pauvre et orgueilleux. Ce qui caractérise l’humble, le pauvre en esprit, c’est que la personne se fie à Dieu. Et c’est dans le livre de Sophonie 3, 11-12 que s’appuie cette affirmation, (attache biblique) « … tu n’auras plus à rougir de toutes tes trahisons; car j’écarterai de toi tes glorieux fanfarons. Tu n’étaleras plus ton orgueil sur ma montagne sainte. Je ne laisserai subsister chez toi qu’une population humble et pauvre. Elle se réfugiera dans le Seigneur ». C’est la meilleure description de l’esprit de pauvreté, nous dit la note de la Bible de Jérusalem.

Le psaume 34, 19 est la prière d’un de ces pauvres qui s’appuie sur la fidélité de Dieu : « Le Seigneur est proche des cœurs brisés, il sauve les esprits abattus ». Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre ne signifie pas d’abord : heureux ceux qui sont détachés des richesses, mais « Heureux ceux qui s’en remettent à Dieu ». (Journal de la Bible, Aujourd’hui la vie, no. 129)

On pourrait dire que cette première béatitude est la béatitude DES MAINS VIDES, des mains ouvertes… du cœur ouvert…  Le pauvre de l’Écriture, l’anawin, l’humble – surtout dans les psaumes – est :

-      la personne sans défense, victime et jouet de la tyrannie des puissants;

-      qui accepte, sans murmurer, son pitoyable sort et

-      qui tourne vers Dieu seul son regard et son espérance.

Dieu protège le pauvre; il est son refuge et son soutien (F. Prat, Jésus-Christ).

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La pauvreté, selon Matthieu, est devenue une voie spirituelle… Plus près de nous, pensons à Thérèse de Lisieux qui a puisé dans l’Évangile la voie de l’humilité, de l’enfance spirituelle, de l’espérance. Les pauvres d’esprit chez Matthieu expriment une attitude d’âme plutôt qu’une réalité physique ou sociologique…

On appelle pauvre celui qui humblement cherche Dieu, celui qui recourt à Lui, le craint, le sert, (Isaïe 66, 1-2) « … Celui sur qui je jette les yeux, dit Yahvé, c’est le pauvre et le cœur contrit qui tremble à ma parole… »  Ce qui veut dire que le pauvre est celui qui reconnaît, admet sa misère… sa pauvreté :

Physique : santé qui dépérit c’est une nouvelle pauvreté; forces qui diminuent donc besoin d’aide…

Psychologique : nos blessures personnelles, familiales, communautaires;

Pauvreté morale : (misères, cassures connues que de soi),

Misère affective : pauvreté dans nos relations familiales, professionnelles, communautaires…

Pauvreté spirituelle : nos refus d’aimer, nos péchés, notre cœur fermé…

On retrouve cette attitude particulièrement dans les Psaumes : pauvre et souffrant; pauvre et solitaire; et le plus souvent pauvre et malheureux. Le contexte des psaumes indique clairement qu’il ne s’agit pas d’une pauvreté matérielle, mais d’une pauvreté d’ordre psychologique, moral ou spirituel… de son péché…  « Vois ma pauvreté » crie le psalmiste : (Ps 24, 14-16) « Le Seigneur est l’appui de ceux qui le craignent… tourne-toi vers moi et aie pitié de moi, car moi je suis solitaire et pauvre. »

Aux derniers siècles avant J. C. les pauvres, les anawins décrits par les psaumes, étaient les personnes dans le besoin, qui avaient faim et soif de Dieu; qui étaient en quête de Dieu. Être pauvre c’est :

-      être conscient de sa misère, de son état d’être blessé par le péché quel qu’en soit le visage…

-      et cette prise de conscience tourne le pauvre vers Dieu.

Très souvent, le cri « je suis pauvre » débouche aussitôt sur un appel à Dieu, « Quand un pauvre appelle, Dieu entend ».

Le pauvre est : celui qui est conscient d’un vide et qui se tourne vers Dieu. Ils nous apprennent, ces pauvres, ces anawins, qu’à travers leur expérience douloureuse de manque, que Dieu ne fait irruption que dans les cœurs disponibles et ouverts à son action… au vide… la plénitude. Il y a de la place pour intervenir. 

Les pauvres en esprit sont les personnes qui se courbent intérieurement, qui se soumettent totalement à Dieu pour puiser en lui leur force. Cette première béatitude proclamée par Jésus au début du Nouveau Testament éclate comme la réponse gratifiante à la longue attente des pauvres de l’Ancien Testament. Jésus n’a pas fait de théorie sur la pauvreté. Il n’a pas écrit de thèse pour la défendre. Chez lui, la pauvreté n’est pas « idéologie » mais VIE…

Né sur la paille… mort sur du bois… pauvre, non pas comme Job, mais pauvre à sa manière... Ni miséreux, ni misérable… Il n’a pas l’air de détester les bons repas… Il ne dédaigne pas de participer à des banquets… On l’a vu avec une femme qui verse sur ses pieds un parfum de prix exorbitant… Il a été annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, aux gens dans le besoin… C’est parce qu’il a vécu la pauvreté que Jésus peut l’a déclarée « Bienheureuse ».

À la fin de cette béatitude « Heureux les pauvres de cœur » Jésus ajoute… « le Royaume des cieux est à eux… » Ce sont les humbles aux mains tendues, ouvertes qui reconnaissent leur manque, qui font le vide pour recevoir la plénitude… car le Royaume des cieux est à eux. C’est en Lui, Jésus, qu’il veut me voir déployer ma pauvreté pour la transformer en sa richesse. Saint Paul parle de la libéralité de Notre Seigneur Jésus Christ. Comment de riche il s’est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté (2 Cor 8, 9).

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Pour vivre les béatitudes afin de former Jésus en nous, il nous faut continuer à regarder vivre Jésus, à le contempler… Jésus a besoin du Père : « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé… je ne cherche pas ma gloire » (Jn 7, 16)

Le pauvre après la venue de Jésus (sens évangélique du mot) n’est plus le mendiant, l’affamé, le chômeur; le pauvre après J.-C. c’est la personne normale qui vit sa réalité d’être humain, son humanité avec ses besoins. Le pauvre, c’est la personne qui, plongée dans la douleur et sous la lumière de Dieu, prend conscience de ce que signifie être créature et non créateur. Le pauvre, c’est la personne qui se sait ou se sent malade ou vieillissant, faible, vulnérable, petit, qui l’accueille avec tout ce que la pauvreté comporte de solitude, d’incapacité et qui l’accepte… En somme le pauvre, c’est la personne qui a découvert sa limite… et qui peut faire sienne la prière du psaume 86, 1 « Tends l’oreille Seigneur, réponds-moi, pauvre et malheureux que je suis ».

La pauvreté en esprit constitue comme une clé pour les autres béatitudes. Elle ouvre toute grande la porte du Royaume. Porte étroite, la pauvreté est passage obligé de la désappropriation… du dessaisissement… du lâcher prise.  Un pauvre par l’esprit… un pauvre de cœur, c’est celui qui n’a rien, qui ne possède rien… qui attend tout des autres, qui a besoin des autres (mains ouvertes – cœur ouvert). Seul, le pauvre d’esprit, peut aimer car pour aimer il faut avoir besoin de l’autre. Être pauvre, c’est être dans un état de réceptivité… comme quelqu’un qui prend un bain de soleil… il n’a pas besoin de s’affairer pour que le soleil le réchauffe, le pénètre… il suffit simplement qu’il soit là et qu’il s’offre à son action… à son rayonnement… Même si je crois au soleil et à son action si je ne m’expose pas… ça me donne quoi? Exposer mes besoins à Dieu, cela passe mais aux autres, ce n’est pas toujours facile. La pauvreté radicale arrache la personne à tout ce qui fait obstacle au don total de l’amour. Cette pauvreté est ouverture à l’envahissement… et ça fait peur… s’il fallait que Dieu m’envahisse, que les autres m’envahissent… et pourtant cette disposition conduit à la liberté intérieure. Le vrai pauvre n’est jamais aigri quand il tend la main.

Si je vis dans cette disposition quand d’autres viendront me tendre la main, je les accueillerai « en pauvre » et non en « serviteur » non en « bienfaiteur » qui renonce généreusement à ses droits et qui le fait sentir… Le vrai pauvre, disciple de Jésus Christ, est toujours tenté de dire MERCI quand il donne… Le pauvre est celui qui se fait un cœur accueillant à toute personne, un cœur neuf toujours prêt à s’étonner, à se laisser séduire un peu comme dans Jérémie 20, 7-13 « Tu m’as séduit, Seigneur et je me suis laissé séduire ».

Quand on est pauvre, on fait spontanément oraison car on sent le besoin de son Père des cieux, de Jésus Christ et de l’Esprit Saint… Celui qui n’a plus rien, ni personne sur qui il peut compter, celui qui ne peut se glorifier de ses mérites, de ses droits, de ses vertus; celui qui n’a plus rien à offrir que sa misère, celui-là est pauvre et Dieu vient à lui avec empressement… Le vide de soi-même appelle la plénitude de Dieu… Au vide, la plénitude. Cette pauvreté comporte une certaine joie, car mon Dieu et Père est là… Cette pauvreté développe cette attitude d’attente – de désir – de disponibilité – de confiance dépendante qui est celle des pauvres de Yahvé dont la disposition fondamentale est l’humilité. Dans l’oraison, il faut se tenir « pauvre » et « nu » (n’ayant rien) alors Dieu viendra… Au vide, la plénitude.

Que dire de Marie? Elle s’est totalement appuyée sur Dieu le jour de l’Annonciation : « …que ta volonté soit faire et non la mienne » elle est la preuve de sa remise totale à Dieu. Le cœur de Marie profondément dépouillé a pu permettre l’Incarnation du Verbe, fils de Dieu… Marie a chanté l’hymne à la pauvreté. « Il a jeté les yeux sur son humble servante ».

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En résumé... La pauvreté est une disposition de l’âme faite d’une disponibilité totale à Dieu parce qu’elle vient d’une humble conviction de sa misère spirituelle… j’ai des péchés, des faiblesses, je ne suis pas aussi bonne que je le voudrais… mais Dieu est là… il m’attend… Le pauvre a mis tout son espoir dans le Seigneur. Être pauvre, c’est être avide de recueillir ce que Dieu dispense quand on se fait capacité d’accueil… Aucune méthode, aucune technique, aucun truc ne nous apporte Dieu si on n’accepte pas d’aller à Lui en le mendiant, en le quêtant afin de mériter la récompense de la première Béatitude « car le Royaume des cieux est à eux… ». C’est le centuple promis par Jésus.

Matthieu enseigne les manières de vivre l’Évangile de Luc. Cette pauvreté d’esprit, de cœur, va me conduire à aider ceux et celles qui concrètement sont dans le besoin…  Le Seigneur m’apprend continuellement une chose très importante : je suis en apprentissage tout le temps de mon exil ici-bas… C’est pourquoi je dois faire un nouveau pas chaque jour même en trébuchant… C’est en allant au bout de moi, de mon être que je grandis, que j’accomplis sa Volonté… que je m’enrichis de Lui…  Ma pauvreté, aux yeux du passant a l’air riche parce qu’elle aime le beau; parce qu’elle a beaucoup reçu des autres; parce qu’elle a longtemps regardé le Christ pauvre.

OUI, MA PAUVRETÉ EST RICHE DE CELUI QUI POSSÈDE TOUT.

Heureuses les personnes :

-      dont le trésor n’est pas fait de choses;

-      qui sont libres intérieurement et non emprisonnées dans leur avoir, libres pour aimer et servir;

-      qui refusent de posséder « biens ou personnes » mais qui se laissent posséder et porter par l’amour.

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TEMPS D'INTÉGRATION

« Heureux les pauvres en esprit. »

  • Quelle est l’attitude fondamentale du « cœur pauvre » ?
  • Cette béatitude, je la vis concrètement et de quelle manière ?
  • Dans ma vie, ai-je déjà pris le risque du dépouillement, dans un geste de confiance absolue au Seigneur?
  • Pour devenir « pauvre en esprit » l’Esprit m’invite à quoi ?
  • Quelle est mon attitude profonde à l’endroit des pauvres ?

RÉFÉRENCES

A.T. :                                                 N. T.            .

PSAUMES: 9;  12;  22,27;.                     Lc 1, 46-55 ;
24, 14.16 ; 24, 14-16 ;  34, 19;              Lc 19,1 -10 ;
40, 17-18;  66, 1 -2; 69, 30-33              Mc 7, 24-30
70, 6;  72, 12-13;  88,16                       2e Cor. 8, 9
Ex. 3, 1-6;
Isaïe 66,1-2;
Sophonie 3, 11-12

Heureuses les personnes

dont le trésor n’est pas fait de choses;
qui sont libres intérieurement et non emprisonnées
dans leur avoir, libres pour aimer et servir.

Heureuses les personnes

qui refusent de posséder « biens ou personnes » mais
qui se laissent posséder et porter par l’amour.

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Sr Lise Marsan, ss.cc.j.m.
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